Angers

Angers, cité médiéval à la confluence des cultures

Une histoire prestigieuse !

Capitale de l'ancienne province d'Anjou, Angers s'est façonnée sur deux millénaires, de la cité des Andécaves à l'agglomération européenne du XXIe siècle.

Créée à partir de l’oppidum gaulois, capitale d’un comté, puis d’un duché, Angers est déjà nommée parmi les «bonnes et principales villes du royaulme» en 1538. Elle prend aujourd’hui le dix-septième rang, avec pour atouts cadre de vie harmonieux et riche patrimoine.

Armoiries

L'origine des armes d'Angers paraît remonter à ses comtes apanagistes. Dans un rapport au maire en décembre 1816, le bibliothécaire Toussaint Grille signale qu'il a observé ces armes sur une ancienne monnaie frappée à Angers au coin de Charles Ier de Sicile (1246-1285). Les deux fleurs de lys sont une allusion évidente à l'apanage royal, tandis que la clef symbolise la place forte face à la Bretagne, alors indépendante et menaçante. Un ancien acrostiche, peint sur une pancarte à la porte Lionnaise lors de l'entrée solennelle de Louis XII le 1er février 1499, ne qualifie-t-il pas ainsi Angers :

"Antique clef de France,
Necteté de souffrance,
Garant contre ennemys,
Estappe d'asseurance,
Recours de secourance,
Seccurité d'amys".

Angers porte les armes de ses comtes, puis ducs apanagistes, de sang royal, comme l’indiquent les deux fleurs de lys.
La clef évoque la place forte.

Préhistoire

La plus ancienne trace d’occupation humaine remonte à 400 000 ans av. J.-C. Les vestiges deviennent plus abondants au Néolithique (nombreuses haches en pierre polie).

Le site d’Angers est occupé dès cette époque puisqu’un cairn (sépulture collective sous un tertre de pierre) a été retrouvé sur le site de l’actuel château. Il a fait l'objet de fouille par l'inrap en 2003 (fouille Cyril Marcigny et Cyril Hugot)1. On estime que cette sépulture date des années 4500/3500 avant notre ère.

Antiquité

Au ve siècle av. J.-C., le peuple celte des Andes ou Andécaves s’établit dans le pays, surtout au nord de la Loire, et lui donne son nom. Les textes, quant à eux, sont muets sur la capitale des Andes. Le nom de Juliomagus (« le marché de Jules » [César]), sans doute ancien, n’est attesté qu’au IIIe siècle.

D'après les fouilles effectuées au château, le site d’Angers était un oppidum densément occupé à la fin de l'âge du Fer (vers 70-50 avant J.-C.). Les textes, quant à eux, sont muets sur la capitale des Andes. Le nom de Juliomagus (le marché de Jules [César]), sans doute ancien, n’est attesté qu’au IIIe siècle. Peuplée au début d'artisans, la ville prend ensuite un caractère plus résidentiel. Déployée sur soixante hectares (à peu près comme Lutèce), elle est organisée suivant le schéma orthogonal des villes romaines : son axe principal, le decumanus maximus, correspond à l'actuelle rue Saint-Aubin.

Peuplée au début d’artisans, la ville prend ensuite un caractère plus résidentiel. La connaissance de la ville gallo-romaine est parcellaire : quelques secteurs ont été fouillés avec attention (place de la République, ENSAM, etc.) et ont permis de découvrir des thermes romains et des domus péri-urbaine, mais l’habitat non aristocratique (donc susceptible d’être bâti en matériaux périssables) est lui moins caractérisé et connu ; le réseau viaire gallo-romain quant à lui est considéré comme bien connu : le maillage quadrangulaire est bien attesté. À proximité immédiate de l’actuelle rue des Arènes s’élevaient autrefois les arènes gallo-romaines de Growan ou Grohan, construites à Angers vers 115 après J.-C.

Moyen-Âge

Le développement du christianisme pose les jalons d'une nouvelle extension. Le premier évêque est mentionné en 372 (un certain Defensor, encore cela ne devait-il être que son titre civil), lors de l’élection de Martin à l’évêché de Tours.

La vie monastique pénètre à Angers vers le milieu du vie siècle : la première abbaye, Saint-Aubin, est consacrée selon la légende par l'évêque de Paris, saint Germain et est destinée à abriter le tombeau d'Aubin. L'abbaye Saint-Serge, fondation des rois mérovingiens Clovis II et Thierry III, suit au milieu du viie siècle.

En 845, est pillée par le chef viking Hasting, puis à nouveau en 852.

À partir des années 850, Angers souffre de sa situation de Marche. Bretons et Normands font si bien régner l'insécurité dans le pays que le comte s'installe en 851 à l'extrémité sud-ouest de la cité pour mieux surveiller le fleuve, à l'emplacement de l'actuel château.

Foulques II d'Anjou dit le Bon, fut comte d'Anjou au Xesiècle, comte de Nantes et duc de Bretagne entre 958 et 960. Il était de la famille des Ingelgeriens et fils de Foulque Ier le Roux et de Roscille de Loches.

Au XIIesiècle, le comté de Nantes est annexé à l'Anjou, lors d’une période de divisions internes de la Bretagne. Henri II Plantagenêt le conserve en sa main pendant plus de 30 ans (1156-1189)6. Henri II Plantagenêt gouverna l'empire Angevin, un ensemble d'États s'étendant des confins anglo-écossais aux Pyrénées et de l'Irlande au Limousin. Le Château d'Angers et ses murailles ont abrité pendant longtemps le siège de la dynastie et la cour du roi. L'empire s'écroula en 1204-1205, lorsque le roi de France, Philippe II de France, s'empara de la Normandie et de l'Anjou.

En 1228, sous la minorité de Louis IX, Blanche de Castille décide de fortifier Angers, dont la position stratégique face aux Bretons et à leurs alliés anglais lui vaut le qualificatif de "Clé du Royaume".

En 1343, le sel devient un monopole d'État par une ordonnance du roi Philippe VI de Valois, qui institue la gabelle, la taxe sur le sel. L'Anjou fait partie des pays de « grande gabelle ». L'Anjou comprend seize tribunaux spéciaux ou « greniers à sel », dont celui d'Angers.

En 1356, les écoles de Droit, de Médecine et de Théologie, réputées dans toute l'Europe, sont organisées en Universités.

En 1364, Charles V donne ses lettres de Noblesse à l'Université d'Angers.

En 1373, le duc Louis d'Anjou commande au peintre Jean de Bruges et au lissier parisien Nicolas Bataille, les six tapisseries consacrées à l'Apocalypse de Saint-Jean.

Renaissance et le bon Roi René

La fin du XVe siècle et les cinquante premières années du siècle suivant sont prospères. À partir de 1434, le règne du « bon roi René », duc d'Anjou, de Lorraine et de Bar, comte de Provence, roi de Naples et de Jérusalem, apporte un renouveau à la ville. Le château est l'objet de travaux continuels entre 1450 et 1465. Le roi René met à la mode les manoirs de campagne, dont il a peut-être rapporté le goût d'Italie. Trois modestes demeures sont aménagées aux environs d'Angers : Haute-Folie, Reculée, Chanzé, près de la Baumette où René d'Anjou fonde en 1451 un couvent pour des Cordeliers. Mécène et artiste, il fait jouer sur la principale place de la ville les longs mystères composés par son entourage. Par testament, il lègue à la cathédrale la tapisserie de l'Apocalypse.

Angers se classe parmi les seize plus importantes villes du royaume d'après un état des contributions à fournir pour la solde des « gens de guerre à pied » daté de 1538. Les marchands angevins, présents aux foires de Lyon et de Genève, expédient vers Paris et Orléans, mais aussi vers les grands ports de l'Atlantique (Nantes, La Rochelle, Saint-Malo) les produits de la province : toiles, vins, ardoises, tuffeaux. Le peintre Adam Vandelant donne le premier « plan » de la ville en 1576, sous forme d'une vue cavalière.

De riches constructions en pierre s'élèvent dans la ville de bois : l'université ; le logis Barrault en 1493-1495 dans le goût flamboyant ; l'hôtel des religieux de Saint-Nicolas (dit des Pénitentes depuis 1640) ; l'hôtel de ville ; le délicat hôtel Renaissance élevé pour Jean de Pincé… Après Strasbourg, Paris, Lyon et Toulouse, Angers est la cinquième ville de France où s'installe une imprimerie (1476). Les études sont florissantes. L'université forme de grands juristes, comme Guillaume Poyet, futur chancelier de François Ier et auteur de l'ordonnance de Villers-Cotterêts. Ambroise Paré fait une partie de ses études à la faculté de médecine. Clément Janequin est membre de la psallette de la cathédrale pendant dix ans (vers 1530-1540). C'est aussi le moment où l'on se passionne pour le théâtre : en 1486, Jean Michel, docteur-régent de la faculté de médecine, fait représenter sa composition le Mystère de la Passion, en 65 000 vers. Charles de Bourdigné, frère du premier historien de l'Anjou Jean de Bourdigné, compose en 1531 La Légende joyeuse maistre Pierre Faifeu qui inspirera Rabelais pour Gargantua.

Le 18ème siècle en demi teinte

Le redressement est très lent. Le niveau de population de 1650 (environ 32 000 habitants) n'est retrouvé qu'au début du XIXe siècle. En 1769, les échevins font procéder à un recensement nominatif de toute la population, document exceptionnel qui donne une image précise d'Angers : 25044 habitants occupent 4 116 maisons. Seize paroisses se partagent la ville qui compte cinq abbayes, huit chapitres, trois hôpitaux, quarante-sept églises sans y comprendre les chapelles.

La vie économique manque d'ampleur, malgré plusieurs efforts dans le domaine du textile (les indiennes), des sucreries et des ardoisières. Le commerce ne se développe pas et les fortunes restent modestes. On comprend alors que la ville n'évolue guère dans son cadre de vie, encore gothique.

La vie culturelle en revanche est active. L'Académie royale des Sciences et des Belles-Lettres est créée en 1685 sur le modèle de l'Académie française, mais avec seulement trente membres. En 1761 est fondé un bureau d'Agriculture à l'initiative du marquis de Turbilly, un théâtre est ouvert place des Halles en 1763, le premier journal hebdomadaire, les Affiches d'Angers, voit le jour en 1773, les mélomanes se regroupent au sein d'une société de concerts. La Société des Botanophiles crée un jardin botanique rue Bressigny.

Le 19ème siècle

La Révolution est bien accueillie. Le territoire de la commune acquiert sa configuration actuelle (4 200 hectares) avec le rattachement (entre 1790 et 1793) des trois anciennes paroisses rurales de Saint-Samson, Saint-Léonard et Saint-Augustin, ce qui porte la population à environ 33 900 habitants.

Les événements de 1793 laissent des traces sanglantes. La ville est occupée pendant quinze jours par les Vendéens, reprise par les Républicains, à nouveau assiégée par les Vendéens, cette fois sans succès. Le représentant en mission Francastel y organise la Terreur à partir d'octobre. Deux mille personnes sont fusillées au clos de la Haye-aux-Bonshommes, aujourd'hui Champ des Martyrs. Deux décisions relancent les projets d'urbanisme : la vente des biens nationaux et le décret impérial de 1807 autorisant la destruction des fortifications. Dès 1791, on aménage la place du Ralliement par la suppression de trois églises.

Angers change progressivement de visage au XIXe siècle : la ceinture des boulevards remplace les anciennes fortifications et s'achève vers 1850-1860 avec les derniers lotissements ; dans le prolongement des boulevards sont construits les ponts ; la Maine est enfin bordée de quais ; le chemin de fer arrive en 1849, l'eau de Loire commence à couler dans les robinets en 1856. On régularise le cours de la Maine et on remblaie les bas quartiers pour lutter contre les inondations. Les travaux s'accélèrent sous le Second Empire : plusieurs rues sont ouvertes ou repercées autour de la place du Ralliement qui devient le centre nerveux de la ville. On y construit des immeubles suivant le modèle haussmannien à partir de 1870. La reconstruction du théâtre sur cette même place, après son incendie en 1865, est pour beaucoup dans le remodelage général des abords : c'est un véritable palais des Arts qui est élevé pour plus d'un million deux cents mille francs. La ville se pare de statues, la première étant celle du roi René en 1853. Après 1880-1890, les travaux s'étiolent.

L'Athènes de l'Ouest

Face à ces changements, Angers reste un centre intellectuel et musical actif : l'école des Arts et Métiers est installée au Ronceray depuis 1815, l'université renaît sous la forme d'une université catholique avec monseigneur Freppel (1875) qui qualifie pompeusement Angers d’«Athènes de l'Ouest ». De nombreuses écoles sont ouvertes à la fin du siècle : école des Beaux-Arts, école de notariat, d'agriculture…

L'économie

Les activités économiques restent traditionnelles : agriculture et horticulture, distillerie (Cointreau, Giffard, Rayer), extraction de l'ardoise et surtout textile. La transformation du chanvre et du lin est la grande spécialité. Toutes les usines textiles sont absorbées par une seule société en 1901 : la Société anonyme des filatures, corderies et tissages Bessonneau. Cette entreprise, qui emploie plus de cinq mille ouvriers - dont 60 % de main-d'oeuvre féminine - à la fin de la première guerre mondiale, va longtemps empêcher l'implantation d'autres grandes industries. Parapluies et chaussures complètent l’éventail des activités angevines.

Le 20ème siècle

L'expansion s'arrête au début du XXe siècle : stagnation démographique, rupture dans la croissance industrielle, pertes de la première guerre mondiale engendrent un assoupissement de l'économie et de l'urbanisme.

Après la guerre, de 1928 à 1936, le conseil municipal se penche sur de grands projets d'urbanisme : un plan « d'aménagement, d'embellissement et d'extension » est imprimé en 1934. On y prévoit beaucoup. Rien, à l'exception de l'aménagement du nouveau parc de la Garenne, ne sera réalisé avant les années cinquante. L'excellente position géographique d'Angers lui vaut d'abriter en 1939-1940 le gouvernement polonais en exil, mais aussi d'être choisie par l'occupant comme base, à partir d'avril 1941, de l'administration militaire de l'Ouest (Militärverwaltung B), s'étendant à dix-sept départements.

De nouveaux quartiers et une nouvelle économie d'aujourd'hui

La fin de la seconde guerre mondiale apporte un nouveau souffle : politique, démographique et industriel. Le premier maire socialiste de l'histoire d'Angers est élu en 1945. Deux ans plus tard, un ami du général de Gaulle, Victor Chatenay, remporte à son tour les élections municipales. Au pouvoir jusqu'en 1959, il entreprend, avec l'aide du préfet Jean Morin, une vaste oeuvre de modernisation et d'industrialisation qui sera poursuivie par ses successeurs. Angers conquiert peu à peu tout son territoire. Le baby boom lui fait dépasser la barre des 100 000 habitants en 1954. De nouveaux quartiers se développent rapidement à la périphérie. On applique à Belle-Beille, pour la première fois en France à grande échelle, les procédés de préfabrication industrielle (1953). Pour résorber le retard accumulé depuis cinquante ans, la ville bâtit et rénove en grand. Certains quartiers du centre ville, devenus de véritables taudis, sont parallèlement repris : Saint-Michel, autour de la route de Paris (à partir de 1957) ; Saint-Nicolas, dans la Doutre ; la République.

Le déclin des industries traditionnelles est compensé par la décentralisation d'industries nouvelles : Soretex (1948, actuellement Thyssen), Thomson (1957), Bull (1961-1963), Cibié (matériel pour automobile, 1967), DBA (freins pour automobile, 1972), tandis que les filatures et corderies Bessonneau cessent leur activité en 1966. D'autres entreprises se sont implantées depuis : le constructeur de camions Saab-Scania (1991), le spécialiste de la micro-informatique Packard-Bell (1994, devenu Nec Computer international)…>

Angers se spécialise dans les technologies de pointe et la santé, tout en renforçant son pôle végétal : laboratoires de recherche du CNRS, de l'INRA… La Station nationale d'essais de semences est décentralisée à Angers, tout comme l'École nationale supérieure d'horticulture de Versailles (section horticole). L’Office communautaire des variétés végétales s’y implante en 1997. Une technopole est créée en 1986. Elle couvre à présent 300 hectares, sur deux sites : le parc scientifique de Belle-Beille et celui des Capucins, à vocation médicale.

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